
Transformer une contre-terrasse non autorisée en terrasse éphémère, c'est le tour de passe-passe de Bruno et Agnès Mangel, propriétaires depuis 2016 de la brasserie La Placette (XVIIe).
Situé sur une petite place à l'intersection de l'avenue Mac-Mahon et des rues de Brey et de Montenotte, ce café n'a rouvert que le 21 juillet. Au préalable, Bruno Mangel a fait une déclaration de terrasse provisoire (valable jusqu'au 30 septembre), selon la procédure mise en place par l'Hôtel de Ville pour aider les restaurateurs, durement affectés par les pertes d'exploitation subies pendant le confinement.
Une énorme terrasse
Outre la transformation de deux espaces de livraisons en terrasse de dix places assises, le patron de La Placette a déclaré en terrasse éphémère, plan à l'appui, l'ancienne contre-terrasse dont l'autorisation lui a été retirée en mai 2019 mais qu'il a continué à exploiter depuis.
Aujourd'hui, la contre-terrasse est si grande (75 places assises) qu'elle occupe presque toute la place, agrémentée de huit arbres ! Le dernier rebondissement, dans ce bras de fer entre la Ville et La Placette, s'est soldé par l'échec de la municipalité dont les jardiniers n'ont pas réussi le 28 juillet, à replanter un arbre «à la place de celui qui est mort début 2017 comme par hasard au beau milieu de la contre-terrasse litigieuse», selon un riverain.
592 PV dressés à Paris
«Suite à de nombreux manquements et procès-verbaux, l'autorisation de contre-terrasse lui a été retirée il y a un an. L'exploitant a tenté de profiter du dispositif exceptionnel de soutien de la Ville. Cela lui a été logiquement refusé», indique-t-on à l'Hôtel de Ville. Avant d'annoncer qu'«à la date du 30 juillet, 592 procès-verbaux ont été dressés pour non-respect de la charte, sachant que 7548 terrasses éphémères ont été déclarées».
Maire (LR) du XVIIe, Geoffroy Boulard ajoute : «Ça fait des années que ce restaurateur installé illégalement sur le domaine public, ne respecte pas la réglementation. Il a toujours été dit que nous n'accorderions pas de terrasse éphémère aux établissements posant problème. En même temps, nous touchons là la limite du dispositif de déclaration qui donne à penser que l'autorisation est automatique.»
Un acharnement policier ?
Tout en reconnaissant que « la contre-terrasse est devenue terrasse éphémère », Bruno Mangel, 61 ans, rappelle «avoir retiré le 17 mars, premier jour du confinement, le barnum et l'électricité que j'avais installés sur la place». Et assure respecter la charte de la Ville : «Je ferme les terrasses à 22 heures et ne diffuse pas de musique à l'extérieur».
Le patron de La Placette qui emploie 24 salariés, dénonce aussi «l'acharnement de la police qui vient parfois trois fois par jour me verbaliser. Les amendes s'élèvent à 135 euros ou 65 euros, la plupart seront fixées par le tribunal de police».
Excédé par «les nuisances sonores provenant de cette contre-terrasse utilisée comme un bar à ciel ouvert sans aucune autorisation», le collectif contre la placette, qui regroupe les habitants des 13, rue de Montenotte, 18 et 27, avenue Mac-Mahon, affirme avoir assigné la Ville de Paris devant le tribunal administratif en juin 2019 et la préfecture de police en janvier 2020, «pour leur demander de faire respecter la réglementation».
Le système municipal sur la sellette ?
Ancien, le contentieux a démarré dès le rachat de l'établissement en 2016 par les époux Mangel qui, à peine installés, ont transformé la terrasse ouverte de 6 mètres sur 3 en terrasse fermée… sans autorisation de la Ville ! Réitéré en mars 2020, le refus de la direction de l'urbanisme leur avait été signifié en 2019.
«L'objectif, c'est de régulariser la situation plutôt que de penser à la prochaine descente de police», ironise Maître Philippe Meilhac, avocat de Bruno Mangel. Avant d'attaquer sur le fond : «Le système mis en place par la maire de Paris pour aider les restaurateurs est purement déclaratif, ce qui leur permet, sans autorisation, de s'installer sur des emprises dont ils n'ont pas en temps normal le droit de bénéficier. Je ne vois pas pourquoi La Placette ne pourrait pas en bénéficier, dès lors qu'elle respecte l'horaire de fermeture et la circulation des piétons».
VIDÉO. Terrasses à Paris : pas si simple d'occuper l'espace public pour les restaurateurs
July 31, 2020 at 02:26AM
https://ift.tt/337ZQil
Paris : ce commerçant s'octroie-t-il une terrasse illégalement ? - Le Parisien
https://ift.tt/2YyCyQ7
Commerçant
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Paris : ce commerçant s'octroie-t-il une terrasse illégalement ? - Le Parisien"
Post a Comment